Présentation
La confusion entre ces deux différentes activités humaines – inventer des récits et suivre des traces pour trouver quelque chose – est à l’origine de l’incompréhension et de la défiance envers la science d’une partie de la culture contemporaine. La séparation est mince ; l’antilope chassée à l’aube n’est pas loin de dieu antilope des récits de la veillée. La frontière est fragile. Les mythes se nourrissent de science et la science se nourrit de mythes. Mais la valeur cognitive du savoir demeure : si nous trouvons l’antilope, nous pouvons manger.
Carlo Rovelli : Sept brèves leçons de physique – Éditions Odile Jacob, 2014
Le mythe naît de ce qui nous échappe, de ce qui reste inintelligible, voire paradoxal ou de ce qui relève d’une réalité ingérable… Le mythe est une construction, une mise en scène des faits imaginaires, de forces physiques, de symboles… porteuse de messages d’ordre philosophique, métaphysique ou social*. Min Jung-Yeon aime les mythes, les contes et la philosophie. Tout comme elle est fascinée par l’espace, par la physique quantique et ce monde que les sciences ne cessent d’explorer, mais dont la dimension infinie nous échappe. Dans son œuvre, ces modes de réflexion se croisent avec son vécu pour former un univers métaphorique. Le titre de la sixième exposition de l’artiste à la Galerie Maria Lund fait référence à la fameuse pomme, ce fruit interdit que mordit Ève. Avec Croquez la pomme, Min Jung-Yeon invite aux questionnements existentiels : l’idée de de l’équilibre comme source de bonheur et les notions d’obéissance et de soumission versus celles de liberté et de curiosité. Ajoutons la faute, celle de la femme qui s’est laissé tenter en premier, mue par le désir de connaître, voire d’affronter l’inconnu… Croquez la pomme est une incitation à oser, à découvrir – y compris l’intérieur de la pomme.
Min Jung-Yeon a souvent construit des perspectives complexes qui se présentaient tel un espace scénique. Dans ses nouvelles œuvres s’exprime un désir de troubler le rapport entre forme et perspective. Ainsi, surfaces, formes et arrière-plans s’imbriquent, jouent des transparences et des contours faisant naître une dynamique où les plans semblent se déplacer en permanence.
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Avec Croquez la pomme Min Jung-Yeon démontre la nécessité de « mordre », creuser, interroger et sortir de la zone de confort. Sa création récente d’une installation monumentale – La mer blanche (Pont-Scorff, 2024) – a davantage libéré son lien à l’espace, y compris celui qui se joue dans un médium bidimensionnel. Des formations telles des marqueurs se dressent dans des paysages sans nom. Parallèlement, il y a flottements et envols. L’artiste évoque ainsi la dichotomie fondamentale entre ce qui se tient à un moment donné et ce qui est en transformation. Une sensation d’émerveillement et une énergie particulière se dégagent des visions lumineuses qu’elle fait exister et avec elles un potentiel infini de récits.
En images
Agenda
DIMANCHE D'OUVERTURE
Chaque mois, la galerie Maria Lund vous ouvre ses portes un dimanche après-midi pour un moment privilégié autour de l'art contemporain.
48 rue de Turenne, Paris 3e
RENCONTRE
Min Jung-Yeon sera en conversation avec l'historienne d'art et la commissaire d'exposition Amélie Adamo dans le cadre du parcours s'émerveiller accueilli par des partenaires galeries au cours de l'année 2025.
48 rue de Turenne, Paris 3e
Publications et textes
LECTURE | Brice Liaud
Brice Liaud lit Pose – essai poétique inspiré par l’oeuvre de Peter Martensen
LECTURE | Céline Bernadac
Céline Bernadac lit Monologue de l’Interstice – essai poétique inspiré par l’oeuvre de Peter Martensen