Dans son nouvel atelier au 14e étage, Yoo Hye-Sook jouit d’une ouverture à 270 degrés.
Aube, zénith et grand spectacle de fin de journée, elle vit ici au rythme du soleil. Baignant ainsi dans la lumière, l’artiste semble l’avoir absorbée en elle pour la transposer ensuite dans ses peintures. Les tons couvrant tout le spectre – des beige-or-rose de l’aube passant par des outre-bleus, des jaunes électriques aux verts nocturnes – sont superposés en voiles fines pour former des surfaces vibrantes. Gestes puissants ou effleurements, ce travail relève d’une humilité qui cherche simplement à faire présence. Il matérialise une résonance des heures, des émotions et des vues qui se sont relayées, cumulées et stratifiées. Yoo Hye-Sook évoque une lumière intérieure, tantôt sombre, tantôt éclatante, telle une électricité qui se manifeste à travers les mouvements des pinceaux. Les œuvres qui en résultent frappent par leur luminosité intense, par leur capacité à aller vers le regard, tels un palpitement insistant et une allégresse qui ne se refuse.
Passant d’une œuvre figurative à dominante noire où seuls les traits du crayon mine de plomb apportaient leur lumière miroir, la couleur a commencé à s’installer dans les tableaux de Yoo Hye-Sook depuis 2021. Débutant par une variation de bleus indigo, il émanait de ces œuvres quasi monochromes des lueurs timides, souvent à peine perceptibles. Lors d’une résidence à l’automne 2023 à L’H du Siège, les pinceaux ont remplacé les crayons et des gestes puissants les traits répétitifs. Des indicateurs d’une possible modification de l’espace se manifestaient déjà dans certains tableaux, mais le principe même des compositions, celui d’une perspective en profondeur était encore inchangé.
Par la suite les indicateurs sont devenus plus manifestes et des œuvres caractérisées par des « apparitions » se sont développées : depuis les profondeurs aux tons sombres – bleu de Prusse, vert bouteille et variations de noirs – percent des formes et des gestes lumineux. Certains sont à peine perceptibles, d’autres imposent par leur lumière acidulée, tels une incitation au regard à suivre. Traces, contours, réminiscences ? Architectures, topographies ou images entrevues ? Les questions restent en suspens : l’œil du spectateur doit poursuivre une navigation sensible dans ce monde où les repères se font rares.
Yoo Hye-Sook est une artiste instinctive. Poser gestes et traits est une manière d’être. Simplement. Car peindre équivaut exister, faire acte de présence. Ainsi, elle ne découvre véritablement ses œuvres qu’a posteriori. L’exposition Acte II réunit des peintures dont certaines – les apparitions – sont telle une nuit annonciatrice, une lente sortie de l’hiver – et d’autres – les résonances – l’éclosion invincible du printemps-été et du jour qui apportent vie et renaissance. Telle une promesse tenue, Acte IIs’inscrit naturellement dans la suite de la précédente exposition de l’artiste à la Galerie Maria Lund : Le Jour vient (2022). Maintenant, le jour s’est pointé, s’est affirmé et avec lui un autre infini. Si Yoo Hye-Sook montre avec une grande honnêteté le trajet parcouru, elle semble également nous dire que l’espace de la lumière ne se refuse pas. Elle a inversé la perspective.
Agenda
TALK
Yoo Hye-Sook sera en conversation avec l’historien de l’art et commissaire d’exposition Romain Mathieu
48 rue de Turenne, Paris 3e
PGW – PARIS GALLERY WEEKEND
Plus de 70 galeries parisiennes ouvriront leurs portes pour célébrer l’art moderne et contemporain à travers des expositions, des rencontres avec les artistes, des performances et bien plus encore.
parisgalleryweekend.com
PGW – DIMANCHE D'OUVERTURE
Chaque mois, la galerie Maria Lund vous ouvre ses portes un dimanche après-midi pour un moment privilégié autour de l'art.
Ce mois ci, l’événement prend une autre dimension en s’inscrivant dans le cadre du Paris Gallery Weekend.
48 rue de Turenne, Paris 3e
PGW – LECTURE
48 rue de Turenne, Paris 3e
Publications et textes
LECTURE | Brice Liaud
Brice Liaud lit Pose – essai poétique inspiré par l’oeuvre de Peter Martensen
LECTURE | Céline Bernadac
Céline Bernadac lit Monologue de l’Interstice – essai poétique inspiré par l’oeuvre de Peter Martensen